Mélik Ouzani (nom d’artiste : OUZANI) est né en 1942, à Vichy, d’une mère française et d’un père kabyle.
De formation technique, il travaille d’abord dans l’industrie comme dessinateur puis maquettiste. Il décide dans les années 70 de se consacrer exclusivement à la peinture.
Il développe alors un style reconnaissable par son graphisme énergique et ses couleurs franches. Son travail est le résultat d’un geste impulsif et vif. Sa palette se réduit le plus souvent aux couleurs primaires et aux superpositions de noir et de blanc, comme pour aller à l’essentiel. L’écriture s’invite aussi dans ses œuvres pour porter un message (parfois d’indignation) ou compléter les figures représentées. Anglais et français se mélangent en une sorte d’esperanto artistique.
Ouzani travaille en de multiples formats et différentes matières. Il n’hésite pas à se confronter au gigantesque au travers de ses fresques murales et installations qui mettent en valeur des espaces publics ou privés.
Ouzani se défend d’être dans la mouvance du street art et du graffiti mural.
Son âge l’autorise en effet à rappeler à ceux qui le comparent à ce courant artistique que ses premières productions ont précédé ce mouvement.
Il ne souhaite pas non plus être classé dans la peinture abstraite ni dans la vague du « nouveau figuratif ». Il n’aime tout simplement pas être mis dans une case et préfère que soit reconnue sa singularité.
Ses œuvres ont été exposées dans de nombreux pays, en Amérique du Nord, Europe, et Afrique du Nord et bien sûr en France lors d’expositions remarquables, telles « Le noir est une couleur » à la fondation Maeght à Saint-Paul de Vence (2006), « Il était une fois Walt Disney » au Grand Palais (2007), « Le Tag » au Grand Palais (2010).
Il vit et travaille depuis une dizaine d’années dans la jolie cité de Tonnerre en Bourgogne.
L’envie de retrouver l’effervescence et l’adrénaline qui précèdent et accompagnent la préparation et la réalisation d’une exposition, de confronter son travail au regard des collectionneurs, des amateurs éclairés et des badauds le font revenir sur le devant de la scène en exposant son travail et ses dernières créations au sein de la Galerie Catherine Pennec au cœur de l’Auvergne.
- Mélik, vous avez démarré jeune dans l’industrie, qu’est-ce qui vous a
fait basculer dans le métier d’artiste ?
Peut-être le simple désir d’échapper au genre « métro-boulot-dodo des 68
ards… Mais plus sérieusement : enfant puis adolescent, je me souviens avoir
toujours dessiné un peu …mais n’avoir jamais soupçonné qu’un jour il me
serait possible d’y consacrer l’essentiel de mon temps et à fortiori d’en
vivre… 1974 a donc été la rupture majeure de mon existence. Mon premier
séjour à New York n’ayant fait que me conforter dans ma décision de rompre
définitivement avec toute autre activité que la peinture … rupture que je n’ai
jamais eu depuis à regretter…
- Vos œuvres regorgent de figures parmi lesquelles Mickey et Charlot.
Pourquoi cette référence à ces deux grands mythes américains ?
MICKEY et CHARLOT figures quasi universelles ont déjà connu les
honneurs de l’art, de la peinture et du dessin (MICKEY en étant issu lui-
même d’ailleurs) et ne serait-ce que dans le « Pop Art » des années 60, il me
semble qu’on peut toujours en tirer quelque chose de neuf – pour le contour,
le trait, la couleur – comme d’une simple pomme dans toute l’histoire de la
« Nature morte » par exemple…
- Vous évoquez des artistes que vous aimez et qui ont nourri votre passion
pour la peinture et la sculpture : Matisse, Lichenstein, Miro, Calder et
bien d’autres : en quoi ont-ils été signifiants pour vous ?
Les PICASSO, MATISSE, MIRO, DUBUFFET, CALDER, TINGUELY etc.
par la force et la clarté de leurs œuvres m’auront au moins toujours stimulé,
ce qui n’est déjà pas si mal ! Certains jours où mon travail ne me semblait
rien valoir, non compris, voir inutile, il me suffisait de piocher dans la
reproduction de leurs œuvres pour reprendre courage une simple photo de
MATISSE guidant ses assistants, une perche de bambou à la main, de son
fauteuil d’handicapé, pour ses grands collages muraux – et j‘étais de nouveau
partant.
- Vous vous défendez de faire de la peinture abstraite, vous
revendiquez au contraire représenter des personnages, des objets, des
végétaux mais vous vous défendez également d’appartenir au courant
du nouveau figuratif ou à celui du graffiti et de l’art urbain.
Puisqu’en France on veut toujours tout définir et catégoriser, je vous
pose alors la question : comment définiriez-vous votre travail à
quelqu’un qui ne vous connait pas, dans quel mouvement artistique
vous inscrivez-vous ?
Pour ce qui est du GRAFFITI et de l’ART URBAIN (je ne vois vraiment
pas ce que cet adjectif signifie du point de vue de l’art qui n’est pas
nécessairement qu’urbain) en 1974 à N.Y. les graffitistes se considéraient
plus comme des « WRITEURS » que des « PAINTERS » …
L’essentiel de leurs œuvres consistait plus en enchevêtrements de signes,
lettres, interjections de bande dessinée, noms d’emprunts, surnoms, etc.
De retour à Paris, j’ai regretté que la jeunesse française (et aujourd’hui
presque mondiale) se contente de plagier le style inventé à N.Y. ce qui me
paraît (aujourd’hui encore) assez peu inventif … Même réflexe en
MUSIQUE de nos récents RAPPEURS et anciens ROCKEURS…
J’ignore ce que vous appelez NOUVEAU « FIGURATIF » … S’il s’agit
de RÉALISME sous une autre forme, ça ne m’intéresse plus trop, à
fortiori quand c’est très proche de la photo…
- On ressent dans votre peinture une forme d’instinct, du
bouillonnement, parfois aussi de l’indignation, voire de la
provocation : avez-vous besoin de vos pinceaux pour exprimer vos
émotions ?
C’est curieux, mais je ne peux pas exprimer grand-chose de mes émotions
dans l’exécution d’un tableau ou la fabrication d’un objet que Francis
PONGE (poète) appelle OBJEU… En général, j’exprime mes émotions
comme tout le monde (rire, pleurs, peur, plaisir etc.) mais ne les
extériorise qu’assez peu et mes pinceaux les ignorent, je crois ….
- L’écriture est présente dans une grande partie de votre production,
quel rôle accordez-vous à l’écriture dans vos œuvres ?
Elle est souvent présente, c’est vrai, quand elle est lisible : ce sont des
mots liés au sujet entrepris et elle peut même reprendre le titre de l’œuvre généralement écrit au verso de la toile. Sinon elle devient objet en soi :
une représentation d’écriture de même valeur que les éléments peints
autour d’elle. J’ai d’ailleurs toujours espéré un jour peindre aussi
COURAMMENT qu’on ÉCRIT.
- Quel est votre plus belle rencontre avec un autre artiste ?
Les artistes, j’en ai côtoyé pas mal. J’ai habité et travaillé 17 ans dans une
cité possédant 33 ateliers d’artistes. J’y ai eu des bons amis, pourtant la
belle rencontré que je n’ai pas faite, peut-être la plus belle, aurait sans
doute été celle d’un des peintres et sculpteurs évoqués au cours de cet
entretien.
- Quelle est votre œuvre la plus monumentale ?
Une fresque de 100 mètres de long sur 3 de hauteur, sur un mur extérieur
de collège technique à AUBERVILLIERS (93). Et sous une autre forme,
la création d’un grand défilé dit CARNAVALCADE pour le compte de
BANLIEUE BLEUE. Création de chars animés, costumes, géants, grosses
têtes, serpent chinois, etc. à l’occasion de la COUPE DU MONDE DE
FOOTBALL en 1998 à St-DENIS (93).
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