Marie-Hélène Blanck (1964)

Biographie

 

Née en 1964 à Clermont-Ferrand, elle vit et travaille à Ulm, en Allemagne, depuis l'an 2000. La création de son atelier en 2009 marque l'apogée d'un parcours éclectique où l'art a toujours été son compagnon et sa source d'inspiration. Son ouverture d'esprit envers les découvertes artistiques et les disciplines connexes l'incite à explorer de nouvelles voies. En parallèle de ses activités professionnelles, elle poursuit des études en architecture d'intérieur et en architecture à Paris, après avoir enseigné plusieurs années à l'école primaire à Clermont-Ferrand.

 

Tout au long de son cheminement, elle a acquis des expériences et savoir-faire précieux qu'elle investit dans sa pratique artistique. L'exploration et l'expérimentation la passionnent. L'intensité de son travail de recherche alimente un processus créatif en perpétuel mouvement. Son travail pictural émerge ainsi d'une évolution constante.

 

Au fil des années, sa pratique artistique a évolué. Familière de l'utilisation de divers matériaux (fils, papier, tissus, etc.) pour créer des œuvres oscillant entre bijoux et tableaux, elle explore les possibilités de fusionner les caractéristiques plastiques et graphiques de ces matériaux, reliant ainsi des domaines souvent cloisonnés, l'art et l'artisanat d'art. Depuis quelques années, elle se concentre principalement sur la peinture tout en poursuivant ses recherches graphiques.

 

Divers thèmes tels que le passage du temps, la nature, la fragilité, les liens, entre autres, inspirent son travail artistique. Sa rencontre avec deux artistes, Frank Hempel et Michael Danner, ainsi que leurs fructueux échanges et discussions, l'ont encouragée à s'engager pleinement dans sa carrière artistique.

 

Si sa création artistique éveille la curiosité, l'attention et les émotions, tout en suscitant des questionnements, c'est parce qu'elle offre la possibilité d'une expérience, la possibilité d'une rencontre. Les visiteurs sont invités à suivre librement le cheminement qu'elle propose, à laisser leur regard vagabonder et à s'arrêter là où résonne quelque chose en eux. L'artiste leur offre ainsi la possibilité d'oser leur propre perception et leur propre interprétation.

 

Expositions :

 

À venir : 6 juin - 13 juillet 2024, galerie Catherine Pennec, Clermont-Ferrand (63)

Depuis 2012 : Exposition annuelle, Portes ouvertes à l'atelier, Ulm, Allemagne

2022 : Exposition collective, Michelsberg Institut, Ulm, Allemagne

2021/22 : "Entre", exposition solo, Institut de formation fortbildung1, Stuttgart, Allemagne

2017 : Exposition collective, agence d'architecture intérieure Dai One, Neuilly-Plaisance (94)                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         




Entretien entre Marie-Hélène Blanck et Catherine Pennec  le 25 avril 2024

  

CP : Marie-Hélène, quand avez-vous perçu pour la première fois que vous aviez besoin de vos pinceaux et crayons pour vous épanouir?

MHB : Il y a très longtemps, j'étais encore à l'école maternelle.

 

CP : Qu’est-ce qui vous anime dans votre parcours artistique ?

MHB : Mon cheminement est placé sous le signe de l'exploration.

Depuis 2020, je me consacre intensivement à la peinture . Le dessin fait aussi partie de mes recherches.

Mon travail explore les interactions entre la lumière et la couleur, entre les espaces, les surfaces et les lignes, entre l’abstrait et le figuratif, l’évocation et la rêverie.

 

CP : Lorsque l’on regarde vos tableaux, on observe que la matière prend une place importante dans votre processus créatif…

MHB : En effet, mes peintures naissent d’un processus méticuleux, caractérisé par des couches fines et multiples, souvent monochromes.

L’observation, le questionnement et l’expérimentation se conjuguent et s’entrelacent permettant ainsi à mon travail de progresser. Cette démarche favorise  le développement des idées, la réflexion autour du choix des matériaux et des techniques et une pratique intensive à partir de ces choix.

 

CP : Vous avez une formation d’architecte et d’architecte d’intérieur, on imagine donc que tout est scrupuleusement organisé et anticipé….

 MHB : Pas vraiment. Mon processus artistique laisse une place significative au hasard.

Après chaque couche, une phase d'observation minutieuse guide mes décisions  pour les interventions suivantes.

Ce jeu entre hasard et intervention réfléchie rend possible l'épanouissement de la couleur et de la texture du travail en cours.

La matière peut aussi être essuyée, griffée, creusée, pour laisser apparaître des traces de précédentes interventions ou le support.

Il est important ensuite de repérer le moment où le travail de couches successives va prendre fin.

Par la suite je décide si ce travail doit être  enrichi par des éléments graphiques.

Ces derniers peuvent par exemple établir des connexions visuelles ou apporter une dimension symbolique à l’œuvre.

 

CP : Avec quel type de peinture travaillez vous  et sur quel type de support?

MHB : J' utilise beaucoup l'acrylique qui est plus adaptée à mon processus de travail et se prête à des phases de travail rapprochées. Je privilégie le carton comme support car il convient aussi bien à des interventions en profondeur qu'à un travail de surface.

 

CP : Vos œuvres révèlent souvent des dégradés de gris, beige, rouge, parfois bleu. Vous astreignez vous à une palette restreinte de couleurs ?

MHB : la nature m'inspire et je crois que cela explique la palette de gris, beige, ocre, rouge, aussi de bleu et de vert. Les couleurs innombrables du monde minéral, végétal, aquatique, les couleurs de la terre, se retrouvent dans mon travail.

 

CP  Avec quel outils travaillez vous?

MHB : j'utilise des outils variés : brosses, spatules, pinceaux, raclettes, taloches, poinçons, ponceuse, perceuse, machine à coudre, etc

 

CP : Diriez-vous que vous travaillez rapidement ou lentement ?

MHB : Le processus d'élaboration de mon travail  demande du temps : le temps de penser l'idée, le temps de faire, observer, défaire, observer, explorer, … alors oui, je travaille lentement.

 

CP : Quels sont les sujets qui inspirent votre démarche ?

 MHB : Mon travail explore des thèmes variés tels la fragilité, le temps qui passe, la nature, les liens, les relations humaines,  la femme dans les différentes étapes de sa vie.

 

CP : Est-ce que ces thèmes sautent aux yeux de celui qui observe vos œuvres ?

MHB : Mon travail offre aux visiteurs la possibilité d'une rencontre authentique, où chacun peut librement explorer sa propre perception et interprétation de l’œuvre présentée.

 

CP : Etes-vous tentée d’explorer un style plus figuratif ?

MHB : Je l’ai déjà fait et le referai certainement, notamment sur le thème de la femme dans les différentes étapes de sa vie : fillette, adolescente , jeune femme, mère, vieille femme

 

CP : Diriez vous que votre activité d’architecte d'intérieur nourrit également votre passion artistique et que cette dernière vous permet d’enrichir vos idées et concepts dans votre métier d’architecte d'intérieur ?

MHB : L'architecture d'intérieur est un domaine où la perception de l'espace, de la lumière, de la couleur joue un rôle important. On construit des interactions visuelles qui déterminent les qualités d'un espace en trois dimensions. La pratique artistique, qu'elle soit en deux ou trois dimensions, permet de créer des interactions visuelles, par la couleur, la matière, la composition, etc., qui peuvent faire naître des émotions, des questionnements. Pour moi les deux activités s'enrichissent l'une l'autre  par un échange de références, de  savoir-faire, de possibilités inattendues ouvrant des pistes à explorer dans chacune d'elles.

 

CP : Vous vivez en Allemagne depuis l’an 2000. Avez-vous été inspirée par certains artistes allemands ?

MHB : Spontanément je pense à Paul Klee, Hans Hartung, Gego, Paula Modersohn-Becker, Gabriele Münter, Maria Eichhorn, il y en a tellement d'autres.

 

CP : Avez-vous croisé le chemin d’une personne ou d’une œuvre  qui vous a particulièrement inspirée ?

MHB : Je participe régulièrement à des séminaires artistiques et j'y ai rencontré deux artistes, Frank Hempel et Michael Danner, avec lesquels j'ai depuis plusieurs années des échanges et des discussions fructueux.

 

CP : Quel est l’artiste vivant ou mort que vous rêveriez de croiser ?

MHB : Paul Klee, Gego, entre autres.

 

CP : A l’inverse  identifiez- vous des artistes contemporains ou décédés,  au sujet desquels, vous vous dites « je ne comprends vraiment pas ce qu’il/elle veut transmettre ? »

MHB : Je cherche en principe à saisir la démarche et les intentions d'un artiste. Son histoire m'intéresse. C'est important pour rentrer dans son univers. Je ressors rarement d'une exposition avec le sentiment de totale incompréhension. Ce que j'ai vu peut aussi me laisser des impressions qui feront que je me dirai tout simplement « ce n'est pas ma tasse de thé ».

 

CP : Quelle est l’œuvre dont vous êtes la plus fière ?

MHB : C'est plutôt l'aboutissement de mon parcours, le fait que je poursuis mon chemin avec l'art, dans l'art, que je me suis définitivement engagée dans cette aventure.

 

CP : Quelle(s) est/sont votre(s) musique(s) d’ambiance lorsque vous travaillez sur une œuvre ?

MHB : Je travaille très souvent sans musique. Quand j'en écoute, c'est assez éclectique, jazz, baroque, tango nuevo, entre autres. Il m'arrive fréquemment de choisir une sonorité d'instrument, piano, violoncelle, contrebasse, bandonéon, oud, etc.

 

CP : Une œuvre littéraire / poétique qui vous inspire plus que tout dans la vie ?

MHB : Pas facile de penser à une seule œuvre. Alors je répondrai en évoquant une rencontre qui a laissé des traces parmi d'autres. Au début des années 90 j'ai découvert le livre de l'intranquillité de Fernando Pessoa sur un étal d'une Fnac parisienne. C'était un moment fort.

 

CP : Qu’est-ce qui vous fait le plus peur aujourd’hui ?

MHB : Les dérèglements si nombreux qui produisent exclusions, violence, précarité, solitude, ...

 

CP : Qu’est-ce qui vous rend confiante malgré tout ?

MHB : la capacité humaine à réagir, rebondir.

 

CP : Avez-vous relevé des différences d’approches entre les politiques culturelles allemandes et françaises ? 

MHB : C'est un sujet que je connais encore assez peu et que j'explore actuellement.

 

CP : Pourquoi exposer à Clermont-Ferrand ?

MHB : Clermont-Ferrand est ma ville natale et c'est presque naturellement que me sont venues l'idée et l'envie d'y exposer, une façon de réinvestir le lien avec mon lieu d'origine.