Biographie
Isabelle Collett est une artiste dont l'œuvre est profondément influencée par son environnement naturel et sa passion pour la nature. Née dans la Vallée de la Loire, elle a grandi entourée par la forêt domaniale de Chinon, un cadre idyllique qui a nourri son imagination et son art.
À 19 ans, Isabelle commence ses études artistiques à l'« Atelier Aimé Venel » à Tours.
Désireuse d'explorer de nouveaux horizons, elle se rend en Angleterre pour s'immerger dans une culture et une langue différentes. Cette période s'avère cruciale pour sa carrière, car en 2002, elle reçoit une bourse du Art Council of England. Cette opportunité lui permet d'affiner son art et d'élargir ses perspectives créatives. Le talent d'Isabelle est rapidement reconnu. Elle participe à des événements prestigieux comme “Art Fusion” en 2003 et le “Birmingham Art Festival” en 2004. Ses oeuvres sont exposées dans
des galeries renommées telles que Aubergine Art Gallery à Londres et Number 9 the Gallery à Birmingham.
Aujourd'hui, Isabelle est de retour en France, installée dans le Limousin. Elle trouve son inspiration dans la tranquillité des bois et des paysages champêtres qui l'entourent. Ses premières œuvres se sont longtemps concentrées sur le ciel et les nuages, mais face aux préoccupations environnementales croissantes, elle s'intéresse désormais aux arbres, forêts, et plantes.
Isabelle adopte une approche artistique respectueuse de l'environnement. Utilisant des techniques variées, elle fabrique ses médiums à partir de végétaux provenant principalement d’un jardin tinctorial, avec lesquels elle explore de nouvelles voies créatives. Ses déambulations en forêt pour observer et collecter des matériaux nourrissent ses oeuvres, qui célèbrent la beauté et la fragilité de la nature tout en appelant à sa préservation. Les notions de temps, de transformation, de cycle et notre rapport au vivant font aussi partie de son travail.
Isabelle Collett continue de créer des œuvres qui rendent hommage à la splendeur du monde naturel et militent pour sa sauvegarde. Son parcours artistique, marqué par un profond respect pour l'écosystème, reflète une démarche créative intimement liée à la nature.
Catherine Pennec (C.P.) : Bonjour Isabelle, merci de nous accorder un peu de votre temps. Nous sommes ravis d'accueillir votre exposition "Nature will never die" à la galerie. Pour commencer, pourriez-vous nous parler de vos débuts et de ce qui vous a poussée vers l'art ?
Isabelle Collett (I.C.): Bonjour Catherine, c'est un plaisir de partager ce moment avec vous. Je crois que tout a commencé dans mon enfance, en fait. J'ai grandi dans la Vallée de la Loire, près de la forêt de Chinon. Mon père, qui était artiste amateur, m’emmenait souvent en balade, et ces moments d’immersion dans la nature ont profondément marqué mon imaginaire. Dès mes 19 ans, j’ai intégré l’Atelier Aimé Venel à Tours où j’ai pu affiner mes compétences, notamment en art figuratif. Mais l’appel de la nature est toujours resté très présent dans mon travail.
C.P. : Vos œuvres sont en effet très imprégnées de la nature. Quels sont vos processus créatifs ? Comment cette relation avec l'environnement se traduit-elle concrètement dans vos œuvres ?
I.C. : Tout commence par une observation minutieuse. J'aime passer du temps en extérieur, dans les bois, ou même dans mon propre jardin. Les formes, les textures, les mouvements dans la nature sont des sources infinies d'inspiration. Par exemple, la série "Enracinement" a été inspirée par une simple expérience dans ma cuisine : une patate douce que j’avais déposé dans un bocal pour ses boutures. J'ai été fascinée par les racines qui se développaient sous l’eau, leur complexité, leur résilience. Cela m'a fait réfléchir aux cycles de vie, à la manière dont toute la nature est en perpétuelle transformation.
Techniquement, je travaille avec des matériaux naturels. J'ai appris à extraire mes propres pigments et colorants à partir de plantes tinctoriales, un procédé que je pratique depuis quatre ans. Cette approche est à la fois une démarche éthique et esthétique, car elle s'inscrit dans le respect de l'écosystème. Par exemple, j'utilise des couleurs tanniques stabilisées avec des sulfates de fer, et je crée mes œuvres sur des papiers écologiques fabriqués artisanalement en Corrèze.
C.P. : Cette démarche respectueuse de l'environnement est assez rare dans le monde de l'art contemporain. D'où vient ce choix ?
I.C. : Il est devenu évident pour moi, au fil des années, que je ne pouvais pas me contenter de représenter la nature sans intégrer cette dimension écologique dans ma pratique artistique. La nature est à la fois fragile et résiliente, et je souhaite que mes œuvres reflètent cette dualité. J’ai donc fait le choix d’utiliser des matériaux durables et respectueux de l’environnement, qu’il s’agisse des pigments ou du papier que j’utilise. Collaborer avec des imprimeurs locaux qui partagent ces valeurs est aussi très important pour moi. Il y a une dimension artisanale dans tout cela, un retour à des pratiques anciennes, qui me permettent d'être en harmonie avec la nature tout en créant.
C.P. : Vous avez beaucoup voyagé, notamment en Angleterre où vous avez été boursière du Art Council of England. En quoi ces expériences à l'étranger ont-elles influencé votre travail ?
I.C. : Mon séjour en Angleterre a été une véritable révélation. C'était en 2002, et cette bourse m'a permis d'exposer dans des festivals comme "Art Fusion" ou le "Birmingham Art Festival". Ces expériences m'ont ouvert à une nouvelle culture artistique, plus tournée vers l’expérimentation, et m’ont poussée à explorer des supports et des thèmes que je n’avais pas encore abordés. Le contraste entre les paysages anglais et ceux de la France a également nourri mon imaginaire. Ces voyages ont été un tournant dans ma carrière, car ils m'ont permis de développer un style plus personnel, plus affirmé.
C.P. : Vos œuvres expriment souvent un message sur la relation entre l'homme et la nature. Est-ce pour vous un combat personnel ?
I.C. : Oui, d’une certaine manière. Je considère mon travail comme une réflexion sur notre lien avec la nature, et aussi comme un cri d’alarme. Nous tentons souvent de maîtriser la nature, de la façonner selon nos désirs, mais elle nous échappe toujours. Elle est résiliente, mais elle est aussi vulnérable face aux pressions humaines et aux enjeux environnementaux actuels. À travers mes œuvres, j’essaie de rappeler cette réalité. Je veux que les gens prennent conscience de l’importance de préserver ce lien avec notre environnement, non seulement pour nous, mais pour les générations futures.
C.P. : Vous semblez très attachée à la notion de cycles dans vos créations, notamment avec la série "Enracinement". Pouvez-vous nous en dire plus sur cette idée récurrente ?
I.C. : Les cycles de la nature, que ce soit la croissance, la décomposition ou la renaissance, sont des thèmes omniprésents dans mon travail. Ils nous rappellent que rien n'est immobile, tout est en perpétuel changement. Dans la série "Enracinement", j’ai voulu explorer cette idée de façon plus concrète en observant comment les racines se développent et se déploient, non seulement dans la terre mais aussi dans notre mémoire collective et individuelle. C’est une métaphore de notre propre enracinement dans la vie, de nos liens invisibles avec le monde qui nous entoure.
C.P. : Parlons un peu de vos influences. Y a-t-il des artistes, des écrivains ou des musiciens qui vous inspirent particulièrement ?
I.C. : Oh oui, énormément ! En termes d’artistes visuels, Marinette Cueco est une figure majeure pour moi. Elle a su allier tissage, tapisserie et des éléments naturels dans son œuvre, et c’est une grande source d’inspiration. Il y a aussi des écrivaines comme Claudi Hunzinger et Isabella Tree qui m’inspirent profondément, notamment dans leur manière d’écrire sur la nature et l’introspection. Et puis, la musique fait partie intégrante de mon processus créatif. J’écoute souvent de la musique en travaillant et j’ai des goûts plutôt éclectiques.
C.P. : Vous venez d évoquer des artistes femmes comme Marinette Cueco ou Agnès Denes. Y a-t-il des figures féminines que vous considérez comme des modèles dans votre parcours ?
I.C. : Absolument. A l’âge de 20 ans, j’ai rencontré Aube Elléouêt, une femme absolument formidable, douce et généreuse, qui m'a gentiment accueillie chez elle pour me parler de sa carrière, des difficultés de cette profession, le milieu particulier dans lequel elle avait grandi (fille d'André Breton et de Jacquelin Lamba, élevée entre la France et d'autres pays, notamment les Etats-Unis). Elle avait en effet grandi auprès de grands artistes comme Calder, dont de nombreux mobiles parsemaient sa maison. Elle m'a ouvert les yeux sur un monde qui pour moi était inaccessible et j'ai compris ce jour-là sa façon totalement viscérale de vivre son style de vie.
C.P. : Enfin, quels sont vos projets et aspirations pour l’avenir ?
I.C. : J’ai encore beaucoup de projets en tête. Je souhaite continuer à explorer cette relation entre l’homme, l’art et la nature. J'aimerais aussi collaborer davantage avec des scientifiques, notamment dans le domaine de la botanique, pour enrichir encore mes connaissances sur les matériaux que j’utilise. Et bien sûr, continuer à créer des œuvres qui invitent à la réflexion et à la contemplation.
C.P. : Merci beaucoup, Isabelle, pour cet échange enrichissant. Nous avons hâte de voir l'impact de votre exposition "Nature will never die" sur notre public.
I.C. : Merci à vous, Catherine. J'espère que cette exposition permettra aux visiteurs de voir la nature sous un autre jour.
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